Découvrez le portrait d'Elisabeth Eude, femme du numérique engagée qui a créé StrongHer, réseau qui agit en faveur de la diversité femme-homme dans l’entreprise, afin de laisser les talents féminins libérer leur plein potentiel.

Femmes du Numérique : Pour commencer, quelle est votre définition du « numérique » ?

Elisabeth Eude : Le numérique, c’est tout ce qui est en lien avec le code informatique et les réseaux. Mais c’est aussi un état d’esprit et une culture qui vont avec : un esprit de collaboration, de partage, d’ouverture.

Les femmes, une opportunité pour le numérique. Le numérique, une opportunité pour les femmes. Qu’en pensez-vous ? Pourquoi avez-vous choisi ce secteur ? Quel métier du numérique exercez-vous ?

Je suis actuellement directrice de la fondation Alcatel-Lucent, qui travaille sur l’éducation au numérique et à l’innovation pour les jeunes. J’ai effectué différents métiers dans ce secteur, depuis la validation de systèmes et participation aux comités de standardisation, gestion de projet sur les réseaux mobiles, chef de produit, et consultante en stratégie. C’est un secteur passionnant et extrêmement varié, dans lequel on trouve trop peu de femmes. Le numérique est transverse à quasiment tous les domaines d’activités maintenant et est donc une opportunité pour tous. Il ne faut pas que les femmes en soient exclues (ou ne le considèrent pas comme une option pour elles). D’autre part, une étude de l’Union Européenne publiée l’année dernière anticipe une pénurie de spécialistes des TIC d’ici 2020, donc on a besoin que les jeunes filles choisissent plus massivement ces filières pour pouvoir poursuivre la croissance du secteur. On ne peut pas se permettre de passer à côté de ces talents !

En plus de votre activité professionnelle, vous être engagée bénévolement dans une action sociale ou humanitaire. Comment conciliez-vous les deux ? Cela participe-t-il à votre équilibre ?

Il ne faut pas se mentir, cela me prend du temps, des soirées ou des weekends. Mais je ressens vraiment fortement le besoin de m’engager pour faire bouger les choses. Je ne peux pas rester à me plaindre ou critiquer une situation qui ne me plait pas, je préfère agir. D’autre part, cela m’a permis d’apprendre énormément et de mettre en œuvre des compétences et capacités que j’ignorais avoir !

Présentez-nous l’association dans laquelle vous être investie. Quelle est son action ? Quelle y est votre mission ?

J’ai fondé le réseau StrongHer avec 5 autres collègues en 2011, un réseau de salariés d’Alcatel-Lucent qui agit en faveur de la diversité femme-homme dans l’entreprise, afin de laisser les talents féminins libérer leur plein potentiel. J’ai créé la première antenne du réseau il y a 4 ans, mais avec la croissance du réseau (il compte maintenant plus de 1200 membres dans 50 pays), j’ai laissé cette activité et je suis maintenant membre du conseil central en charge de mener le programme.

Au travers de votre activité professionnelle mais aussi de votre vie personnelle et associative, comment défendez-vous l’égalité femme-homme ?

C’est exactement la mission de StrongHer. Nous menons des actions sur 3 niveaux : 1- la prise de conscience des stéréotypes et modèles que la société nous envoie et qui limitent inconsciemment les rôles et choix de vies pour les jeunes filles (et également pour les garçons), 2- le développement de l’assertivité et la visibilité pour les femmes afin de les aider à aller vers les postes clés, 3- le développement du réseau professionnel de chacun(e) et les échanges de bonnes pratiques avec d’autres entreprises, en particulier celles du secteur des TIC.

Je suis d’ailleurs très fière que StrongHer ait signé en octobre dernier un accord de collaboration avec l’UNESCO sur ce sujet, et reçu le prix GEM-TECH Global Achiever donné par l’UIT (Union Internationale des Télécommunications) et UN Women pour nos actions en faveur de l’égalité femme-homme dans les TIC. D’un point de vue personnel, avec mon mari nous sommes attentifs à ce que nos 2 jeunes enfants (un garçon et une fille) puissent exprimer librement leurs choix (d’activités, de jeux, etc) par rapport à leurs goûts personnels et indépendamment de leur genre. Mais je vois à quel point les images que la société leur renvoie influencent et construisent des a priori sur la façon dont ils perçoivent leur rôle de garçon ou de fille, malgré notre vigilance ! Il reste beaucoup à faire !

Quel conseil donneriez-vous à une jeune femme qui hésite à travailler ou à créer son entreprise dans le secteur du numérique ?

De se faire confiance, et de foncer !

Biographie

Avec 14 ans d’expérience dans les télécommunications, Elisabeth EUDE est une leader respectée, dynamique et très innovante au sein d'Alcatel- Lucent.

Elle est depuis février 2014 la directrice de la Fondation Alcatel-Lucent, où elle a lancé une nouvelle orientation afin de préparer les jeunes à participer et innover dans le monde numérique, illustrant l’ancrage technologique et l’innovation qui sont au cœur d’Alcatel-Lucent.

Avant de rejoindre la Fondation, elle a été stratégiste au sein de l’équipe stratégie d’entreprise. Auparavant, elle a occupé divers postes, notamment comme chef de produit et chef de projet au sein de plusieurs unités d'affaires d'Alcatel-Lucent. Elle est également un intrapreneur et est à l’initiative de 2 projets développés en interne : " Campus in the Cloud " , une plateforme de contenus éducatifs, et StrongHer, un important réseau de salariés pour promouvoir et inspirer la diversité dans le secteur des TIC.

Elisabeth est titulaire d'un diplôme d'ingénieur en physique des matériaux et optoélectronique de l'INSA et de l'Université de Strathclyde au Royaume-Uni. Elle a également été formée au management au sein de l'EM Lyon et de la SDA Bocconi en Italie.