Découvrez le portrait de Loubna Rizqi, étudiante, future ingénieure en informatique.

Femmes du Numérique : Pour commencer, quelle est votre définition du « numérique » ?

Loubna Rizqi : Pour moi, le numérique c’est l’avenir. Pas seulement parce que tout est en train d’être numérisé à notre époque, mais parce que le numérique apporte de réelles solutions aux enjeux du futur. Grâce au numérique, énormément de choses ont été et vont être simplifiées, améliorées et même mises à la disposition de ceux qui n’y avaient pas accès.

FDN : Les femmes, une opportunité pour le numérique. Le numérique, une opportunité pour les femmes. Qu’en pensez-vous ? Pourquoi avez-vous choisi ce secteur ?

LR : En effet, je pense que l’évolution de la condition de la femme peut être grandement influencée par l’essor du numérique, et vice versa. Un secteur aussi fertile car en pleine expansion est une opportunité pour les femmes de s’imposer comme actrices dans le développement de ce qui fera bientôt, si ce n’est pas déjà le cas, partie intégrante de notre quotidien. Le numérique est le vecteur du progrès en général. Il n’en est donc pas moins celui de l’égalité.

J’ai choisi le numérique car j’ai eu la chance de grandir en même temps que la naissance et l’expansion de ce secteur. J’ai eu par conséquent une adolescence très « connectée », ce qui m’a permis d’avoir une ouverture sur le monde à un âge où ma vision et mes connaissances commençaient tout juste à prendre forme. Ceci m’a permis entre autre d’apprendre le design graphique et la photographie. Je suis donc convaincue que le numérique est synonyme d’enrichissement et de progrès.

FDN : Avez-vous rencontré des difficultés pour votre orientation ou au contraire avez-vous été soutenue ? Quel était le regard de vos enseignants, conseillers d’orientation, proches, amis, parents face à ce choix ?

LR : J’ai eu la chance d’avoir une famille qui m’a toujours soutenue dans mes choix d’orientation, que ce soit quand j’ai décidé d’obtenir un bac scientifique avec une spécialité en maths, quand j’ai décidé d’intégrer une prépa MP (mathématiques et physiques) ou, plus récemment, quand j’ai décidé d’étudier l’informatique et les mathématiques appliquées. J’estime que j’ai de la chance car ce n’est pas le cas de tout le monde, surtout les filles qui ne sont pas assez encouragées à faire des études scientifiques bien qu’elles soient aptes à les poursuivre. C’est sans doute ce qui explique le faible pourcentage de filles dans les écoles d’ingénieurs malheureusement…

FDN : Pendant vos études et dans vos stages, comment avez-vous vécu le fait d’évoluer dans un milieu majoritairement masculin ? Avez-vous eu l’impression d’être traitée différemment des étudiants et stagiaires masculins ?

LR : J’ai eu l’occasion d’étudier l’informatique en France et en Suisse, et le constat est le même : le pourcentage de filles dans les départements d’informatique est très faible. Cependant, à quelques exceptions près où en tant que fille j’ai parfois le sentiment que j’ai plus à prouver que mes camarades masculins, je n’ai pas vraiment le sentiment d’être traitée différemment. J’ai plutôt le sentiment que nous sommes traités comme des étudiants qui ont les mêmes besoins et qui doivent relever les mêmes défis.

Lors de mes stages, j’ai également constaté un nombre réduit d’effectifs féminins qui travaillent dans mon domaine, mais là encore, les différences sont à peine perceptibles, et le travail en équipe prend vite le dessus sur ces considérations.

FDN : Présentez-nous votre projet professionnel. Comment envisagez-vous votre carrière ?

LR : Pour l’instant, je compte finir mon semestre à l’EPFL et commencer ma troisième année d’école d’ingénieurs avec une spécialisation en multimédia. Après l’obtention de mon diplôme, dans l’idéal, j’aimerais travailler dans l’informatique graphique. C’est un domaine qui m’a toujours intéressée parce que ses applications sont infinies et parce qu’il représente une très bonne combinaison entre l’informatique, les mathématiques et le graphisme, trois des sujets qui me passionnent le plus.

FDN : Vous faites partie de la génération Y. Quel est votre regard sur les questions d’égalité femme-homme ?

LR : Je pense que la question ne devrait pas se poser à notre époque et qu’il est désolant de constater qu’elle est malheureusement encore d’actualité. On vit dans un monde où ce sont les compétences qui priment et où les questions liées au genre n’ont plus leur place. Il est grand temps que l’on arrête de faire la distinction et que l’on se concentre sur des choses plus importantes.

FDN : Quel conseil donneriez-vous à une lycéenne qui hésite à s’inscrire dans un cursus numérique ?

LR : Je lui conseillerai de se renseigner sur toutes les possibilités et les contraintes avant de se lancer. Faire des études dans le numérique est une opportunité d’accéder à un monde où beaucoup reste à faire et avoir l’occasion d’améliorer le quotidien de millions d’utilisateurs, mais c’est aussi énormément de travail si l’on veut maîtriser son sujet.  Pour mener à bien ce projet, il est nécessaire de bénéficier d’une bonne formation et surtout d’aimer l’informatique et être prêt à lui consacrer une bonne partie de son temps. Si ces conditions sont remplies, je lui conseille de foncer !

Biographie

Je m’appelle Loubna Rizqi, j’ai 21 ans et je suis née à Rabat, au Maroc. Après une prépa maths-sup maths-spé, j’ai intégré l’ENSEEIHT à Toulouse, une grande école d’ingénieurs, dans la filière Informatique et Mathématiques Appliquées.

Actuellement en deuxième année, j’ai choisi de me spécialiser en informatique visuelle. Ce choix est le résultat de mon très grand intérêt pour le design en particulier et l’image en général. Je suis actuellement en échange à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne en Suisse où je passe 6 mois avant de retourner en France.

Cette expérience me permet de découvrir beaucoup de nouvelles choses autant en informatique - car la formation y est très bonne - que sur le monde en général.