Syntec numérique se félicite de la parution le 1er août 2014 du décret relatif au système d'information et de communication de l'Etat mettant les systèmes d’information (SI) sous l’autorité du Premier ministre. Il renforce les pouvoirs de la direction interministérielle des systèmes d'information et de communication (Disic).

Ce changement significatif devrait permettre de franchir une étape décisive de la transition numérique de l’Etat, réponse concrète aux nombreux défis de la modernisation de l’action publique. La réussite de cette politique ne pouvait être en effet envisagée sans réflexion sur la méthode et la gouvernance. A ce titre la réaffirmation du rôle principale de la DISIC, au-delà des contingences et lenteurs administratives traditionnelles et d’entités trop souvent cloisonnées, est un bon signal et un gage d’efficacité pour les acteurs de notre écosystème et l’ensemble des usagers.

Les enjeux financiers de la modernisation de l'action publique, dans un contexte de restrictions budgétaires, sont immenses. Jacques Marzin, Directeur de la DISIC a évoqué la nécessité de faire de 20 à 40% d’économies en 3 à 5 ans sur un budget annuel de 1,8 milliards d’euros de masse salariale et 2 milliards de prestations - hors ministère de la Défense et établissements (para)publics exclus du décret.

Les chantiers en cours et à venir sont d’importance en matière de rationalisation et mutualisation des ressources informatiques. La poursuite de la mise en place du Réseau Interministériel de l’Etat (RIE) par exemple est très attendue, l’interconnexion poussant à l’ouverture des systèmes d’information ministériels et au partage de données. Le RIE fournit l’opportunité de standardiser l’architecture, les normes, les protocoles ou les équipements. Pour générer les économies attendues, le RIE devrait proposer des services les plus génériques et les plus standardisés possibles. Ces économies porteront sur les coûts d’exploitation, via la centralisation et la rationalisation des équipes et sur les coûts d’acquisition et de fonctionnement via la massification des achats et la standardisation des solutions. Dans ce contexte, il sera tout particulièrement important de traiter en amont le devenir des personnels actuellement en charge de la gestion du réseau au sein de chacun des ministères et dont le nombre va nécessairement diminuer. Les gains escomptés par ce modèle de mutualisation sont évaluées à 30 à 35% par rapport à ce qu’était le coût des télécoms selon Jacques Marzin, Directeur de la DISIC, en septembre dernier1. Le CIMAP a évalué à 500 à 800 millions d’euros d’ici 2017/20202 la baisse de dépense annuelle réalisable grâce à la mutualisation (matérielle et logicielle) et une meilleure maîtrise des projets IT, en particulier les grands projets.

Au-delà du RIE, d’autres gisements potentiels conséquents existent dans les domaines de gestion (comptabilité, contrôle de gestion, ressources humaines, achats, etc) et dans la constitution véritable d’un « Cloud pour l’administration », en permettant ainsi à l’Etat et à l’ensemble des acteurs du secteur public de consolider les principes fondamentaux de continuité et d’universalité du service public tout en faisant émerger de nouvelles valeurs (efficacité, transparence, participation des citoyens).

Ce décret devrait permettre une stratégie commune, notamment sur l'intéropérabilité, des politiques publiques plus lisibles et plus coordonnées et une efficacité accrue avec un coût maitrisé grâce à la mutualisation des moyens. Nous ne pouvons que nous en réjouir.